Photo : internet
En rien permanent, même dans ses dates qui suivent le calendrier lunaire, le marché vietnamien reflète intimement le quotidien des communautés locales. Souvent en extérieur d’un village pour les buffles ou les grosses affaires de riz ou de bambou, il prend possession des villages et des villes quand il doit répondre aux demandes modestes de tous les jours. Couvert ou non, ce sont les femmes qui mènent les marchandages derrière les étals souvent à même le sol. Les hommes, eux, boivent des coups en souvenir du passé et à la santé de ceux qui ont le bon goût d’être encore en vie. D’autres, la négo des buffles ou des cochons terminée, se retrouvent bruyamment autour d’un thang cô brûlant (traditionnellement ragout de viscères de cheval, aujourd’hui plutôt à base d’intestins de bœuf bouillis), qu’ils accompagnent de rượu ngô, un alcool de maïs qui aussi bien qu’il nettoierait l’argenterie familiale nettoie en profondeur les idées sombres.
Photo : Moc Mien
Point central de l’économie de ces régions montagneuses, c’est aussi le lieu où se tressent les liens sociaux, où se colportent les avant-dernières nouvelles et les tout derniers potins. On y vient de loin (parfois, il faut marcher toute la journée de la veille), vêtu de son plus beau costume traditionnel, avec l’espoir secret de – qui sait – rencontrer l’âme sœur. On prend sa flute, son orgue à bouche (khèn), bref tout instrument selon son ethnie qui séduira les étoiles dans le ciel et le cœur des femmes sur la terre.
C’est une expérience exceptionnelle de s’immerger dans ce tourbillon de vie, frôlant des costumes chamarrés ou au contraire bien sages, grisé par les odeurs épicées et peut-être aussi (un peu) par cet alcool de sarrasin qu’on a voulu nous faire goûter. Kermesses d’une journée en ville, de quelques heures à la campagne ou certains jours du Coq, du Chien ou du Singe, elles sont tous les sourires du Vietnam, pour le plus grand plaisir du voyageur qui restera à tout jamais sous le charme…
Photo : Moc Mien
Dans le Nord-Vietnam, que tout le monde continue d’appeler Haut-Tonkin, trois provinces sont réputées pour leurs marchés ethniques : Sapa, Bac Ha et Ha Giang. Ha Giang, province la plus septentrionale du Vietnam, qui recense pas moins de 80 marchés ethniques, dans ses différents districts (Quan Ba, Yen Minh, Dong Van, Meo Vac et Hoang Su Phi).
Sans vouloir tous les lister, voici quelques indications, en fonction des jours et des villages. Il y en aura forcément un sur votre route. D’ailleurs, si vous souhaitez intégrer la visite d’un ou plusieurs marchés lors de votre séjour au Vietnam, n’hésitez pas à demander conseil auprès de Peuples du Mékong, agence de voyage spécialiste du Vietnam. Elle saura vous organiser le circuit ideal !
Note, certains tout petits marchés étant compliqués à trouver, il vous faudra l’adresse exacte selon le schéma suivant : chợ - xã - huyện- tỉnh soit le nom du marché, celui de la commune suivi du district et enfin de la Province.
Exemple : chợ Lũng Phìn: xã Lũng Phìn, huyện Đồng Văn, tỉnh Hà Giang
Que vous aurez triomphalement traduit en : marché de Lung Phin, situé dans la commune du même nom sise dans le district de Dong Van, qui dépend de la Province de Ha Giang.
Tous les dimanches se tient le grand marché de Bac Ha (et aussi le plus touristique). Vous croiserez H’mong Fleur, Tay, Dao, Nung, Lolo, Phu Lao et bien d’autres…
Les samedis, ce sera du côté de Can Cau à 20 km de Sapa ou à Pha Long que vous trouverez dépaysement et joie de vivre hors du temps, colifichets et herbes magiques-qui-soignent-tout.
Lung Phin et Lung Khau Ninh se déroulent les jeudis. Dépaysement assuré en bordure de la Chine ! Assurez-vous d’avoir la bonne adresse pour le marché de Lung Phi, il y en a plusieurs…
Un mercredi ensoleillé, allez sur Cao Son, au nord de Coc Ly, dans lequel vous croiserez H’mong Fleur, Dao Noir et Phu La et certainement aucun touriste.
Sur la route qui relie Bac Ha a Si Ma Cai, tous les mardis se déroule le marché de Coc Ly sur lequel se retrouvent essentiellement H’mong Fleur, et aussi Dao Noir et Nung. Il se tient près de la rivière Chay, décor vraiment sublime pour ce petit marché qui commence à être connu des visiteurs étrangers.
Sans surprise, ce sont les samedis et les dimanches qui sont les plus animés. Que ce soit du côté de Sapa (hyper fréquenté le dimanche, un peu moins en semaine) ou les villages alentours (moins de touristes) comme Muong Khuong ou de façon plus confidentielle à Sin Ho (Province de Lai Chau) ou encore Pha Long, sur la frontière chinoise, à 70 km au nord de la ville de Lao Cai.
Le marché de Xa Phin quant à lui a lieu les jours du Serpent et du Cochon, selon le calendrier lunaire. Demandez un peu avant quand tombent ces dates, puis qu’elles sont variables.
Et pour multiplier les plaisirs : dans les fabuleuses rizières en terrasse de Hoang Su Phi (Province de Ha Giang – attention : le nom du village, c’est Vinh Quang, pas Hoang Su Phi) se tient le marché du dimanche, superbe dans les ruelles, très bien achalandé et où viennent négocier et se raconter de bonnes histoires les Hmong, Tay, Nung, Dao, La Chi…
Les marchés ethniques du Nord-Vietnam donnent à voir et à vivre un autre Vietnam, authentique et rude, souriant et habité malgré tout de joie de vivre. Côtoyant les communautés locales, il nous semble être projeté hors du temps, à la fois dans un passé aux riches coutumes ancestrales et dans un présent profondément enraciné dans ses terres.
Bonne lecture !
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