Quand on évoque Hué, on pense instinctivement aux tombeaux des empereurs Nguyen, à la Cité impériale chargée d’histoire, ou encore aux notes langoureuses du nhã nhạc royal. Mais au-delà de ces joyaux patrimoniaux, la région de Hué cache un trésor naturel méconnu : un immense réseau de lagunes saumâtres, dont le lagon de Tam Giang est le joyau le plus vaste et le plus mystérieux.
Un monde parallèle, presque irréel, où le ciel se fond dans l’eau, où les filets de pêche dessinent des arabesques et où les villages flottants vivent au rythme des marées.
Bienvenue dans le plus grand système lagunaire d’Asie du Sud-Est.

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Malgré sa beauté et sa richesse écologique, ce réseau de lagunes reste encore largement ignoré des circuits touristiques classiques. C’est une erreur que seuls les plus curieux — ou les amoureux de nature brute — parviennent à éviter.
Le système lagunaire de Hué s’étend sur près de 22 000 hectares, formé principalement par le lagon Tam Giang – Cầu Hai, mais aussi les lagunes Chuồn, Thuy Tú, Thanh Lam, Sam… Cet écosystème est unique car il combine eaux douces et eaux salées, créant une biodiversité d’une rare richesse, mais aussi d’une extrême fragilité.
Entre la montée des eaux, les pratiques de pêche intensive et les effets du changement climatique, cet équilibre délicat est constamment menacé.
Pour les communautés locales, les lagunes ne sont pas seulement un paysage de carte postale : elles sont une source de vie, de culture, d’identité. Depuis des générations, les familles de pêcheurs s’adaptent aux caprices de l’eau. Ils vivent sur de petites maisons flottantes appelées nhà chồ, utilisent des barques rondes thúng chai, et installent de gigantesques pièges à poissons appelés nò ou lưới vó.
La vie ici est dictée par la lune, le vent et le flux des marées.
Autour des lagunes, des traditions ont émergé : rituels de bénédiction des bateaux, fêtes de la mer, offrandes au Cá Ông — le « grand poisson » vénéré comme un protecteur des marins.
À l’aube, les marchés flottants s’animent sur les eaux calmes. Les femmes en chapeau conique y vendent des poissons encore frétillants, du riz gluant, ou des légumes cueillis à l’aube.

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Les lagunes de Hué abritent une biodiversité exceptionnelle, reflet de l’interaction constante entre la mer, les rivières et les terres agricoles voisines. Parmi les espèces les plus remarquables, on trouve :
Des poissons d’eau saumâtre : bar, mulet, tilapia, gobies…
Des crustacés : crevettes tigrées, crabes des mangroves, palourdes.
Des oiseaux migrateurs : hérons, aigrettes, cormorans, martins-pêcheurs, parfois même des cigognes rares en hiver.
Certaines zones, comme le lagon de Thuy Tú, sont aujourd’hui classées comme habitats critiques pour la conservation d’oiseaux migrateurs d’Asie.
Le long des berges, on trouve aussi des forêts de mangroves, véritables filtres naturels, abris pour la faune, mais aussi remparts contre l’érosion et les tempêtes tropicales.
Avec ses 70 km de long, Tam Giang est le cœur battant du système lagunaire. Elle s’étend de l’embouchure de la rivière Ô Lâu jusqu’au sud de Hué, serpentant à travers champs, villages et rizières.
C’est ici que la lumière du matin prend des teintes violettes irréelles, que les filets de pêche flottent comme des calligraphies liquides, et que les barques des pêcheurs glissent sans un bruit.
Située à seulement 12 km de Hué, la lagune de Chuồn est prisée des photographes et des âmes romantiques. Ses maisons flottantes sur pilotis, ses dîners de fruits de mer au coucher du soleil et ses marchés flottants du matin en font une étape incontournable.
On y déguste des spécialités locales comme le bánh khoái, les crevettes grillées au sel, ou encore le chè bắp (soupe sucrée de maïs).
Moins connues, ces lagunes sont pourtant essentielles à l’équilibre écologique de l’ensemble. Elles abritent des espèces rares de poissons et sont un refuge pour des colonies d’oiseaux marins.
De nombreux projets de reforestation de mangroves y sont actuellement menés en collaboration avec les ONG locales et les écoles communautaires.

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Heureusement, la région connaît depuis quelques années un essor du tourisme responsable. Des circuits écotouristiques sont proposés, en lien direct avec les habitants :
Balades en bateau à rame au lever du soleil
Ateliers de pêche traditionnelle
Séjours chez l’habitant dans des maisons en bambou
Randonnées entre mangroves et rizières
Les visiteurs apprennent à comprendre — et respecter — ce fragile équilibre entre l’eau et la terre, la nature et l’homme.
De jeunes guides locaux, souvent nés dans les villages de pêcheurs, prennent la parole pour raconter leur enfance sur les lagunes, partager les légendes et montrer les gestes ancestraux.
Voyager ici, c’est plus qu’une visite : c’est une rencontre.
Il n’y a pas de bruit de moteur ici, seulement le clapotis de l’eau contre la coque, le cri d’un oiseau ou le frottement d’un filet qu’on relève. Le ciel, immense, se reflète dans l’eau jusqu’à se confondre avec elle.
C’est une poésie vivante, une peinture mouvante, une méditation à ciel ouvert.
Que vous soyez photographe, ornithologue amateur, voyageur contemplatif ou simple amoureux de l’authenticité, les lagunes de Hué sauront vous parler — sans un mot, mais avec tout le langage du monde.

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Vous cherchez une autre façon de découvrir le Vietnam, loin des sentiers battus ? Les lagunes de Hué vous attendent, paisibles et profondes, pour vous révéler une facette cachée du pays.
Besoin de conseils personnalisés ou d’une suggestion de circuit ? Écrivez-nous à contact@peuplesdumekong.com
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