Art populaire, le Bai Choi est une forme de théâtre unique, qu’on ne trouve qu’au Centre du Vietnam. En 2003, Bai Choi a été officiellement reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Cette performance folklorique étonnante mêle des huttes, un ancien jeu de cartes, des chants et le public.
De nombreuses hypothèses ont été avancées pour tenter de donner une date de naissance au Bai Choi, sans qu’aucune ne soit réellement satisfaisante. Ce dont est sûr, c’est qu’il y a 300 ou 400 ans, on le pratiquait déjà régulièrement dans les provinces de Thua Thien - Hue à l'occasion des fêtes de printemps. Certains chercheurs le feraient remonter au 15ème siècle (GL Bouvier, dans son ouvrage "Chansons populaires des Annamites" parle des chansons de huttes). D’autres avancent qu’on doit la création de Bai Choi à un certain Dao Duy Tu (1572-1634). Natif de Thanh Hoa, il a suivi les Nguyen lors du Grand Bond vers le Sud et se serait inspiré des divertissements pratiqués sur les tours de guet de l’époque (fin du 16ème siècle et au début du 17ème siècle), d’où la présence des huttes. L’hypothèse est séduisante : on sait qu’à l’époque, de nombreux animaux sauvages ne craignaient pas de sortir de la jungle pour s’aventurer à quelque food tour en mode razzia dans les récoltes. Pour s’en protéger, les villageois avaient pris l’habitude construire des huttes sur pilotis, sorte de tour de guet posées en lisière des forêts. Au moindre signe suspect, les « gardes-chasse » faisaient un bruit du diable pour décourager les prédateurs. Cependant, les temps d’attente étaient longs et nos guetteurs de s’inventer des distractions, en lançant des chants de hutte en hutte.
Et pourquoi pas compliquer le jeu en faisant intervenir un jeu de cartes traditionnel, appelé Bai Choi. C’est ainsi que serait né le Bai Choi, dans sa version performance théâtrale actuelle.
Jusque dans les années 1940, le Bai Choi était très populaire dans la région du Centre-Sud. Il connait un déclin certain entre 1975 et 1990, avant de retrouver un engouement qui ne se démentira plus. Depuis 2010, il fait entièrement partie des programmes de festivités du Nouvel An Lunaire dans les Provinces du Centre Vietnam. Comme souligné plus haut, il est inscrit comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Au fil du temps, l’amusement de quelques guetteurs désœuvrés s’est transformé en spectacle théâtral unique dans lequel le jeu de carte et la hutte ont tous deux gardé une place prépondérante. Si vous pensez être du côté de Hoi An pour un prochain Tet de nouvel an lunaire, pensez à demander à une agence de voyage spécialiste du Vietnam de vous organiser une découverte de cet art qui se pratique aussi dans les rues de la vieille ville de Hoi An.
Autrefois réservé aux dates importantes du calendrier rituélique du Vietnam-Centre, Bai Choi se joue aujourd’hui sous forme de festival - essentiellement pour les fêtes du nouvel an lunaire. Une représentation de Bai Choi se compose obligatoirement des éléments suivants : des huttes, des cartes, une équipe de musiciens et une sorte de Monsieur Loyal, tout à la fois maitre du jeu, conteur, narrateur, chanteur, maitre des cérémonies… qui porte le nom de Monsieur Hieu.
La base, c’est le jeu de cartes. Il prend ici la forme de pagaies ou de raquettes en bambou, sur lesquelles on a collé la carte proprement dite sur la partie la plus large. Il y a 30 cartes, reparties en 3 « pho » : pho văn, pho vạn et pho sách. Chaque pho contient 10 cartes + 3 cartes supplémentaires. On a donc un total de 33 cartes.
Ensuite, les huttes. On en construira 9 ou 11, d’environ 2-3 mètres de haut. Deux rangées de huttes sont « dirigées » par une hutte centrale, appelée hutte des femmes.
Les joueurs s’assoient dans la hutte pour jouer. Le « guetteur » (celui qui donnait l’alerte, autrefois) tire une carte et chante un couplet et donne le nom de la carte. Le joueur de dessous qui a la paire lève la main (mais le plus souvent, il se signalera bruyamment) et reçoit un drapeau. Celui qui obtient 3 drapeaux est considéré gagnant. Cela parait simple, dit ainsi, mais Bai Choi mêle le chant, la poésie, le théâtre… Ajoutez à celà que n’importe qui dans le public peut acheter des cartes et participer au jeu avec les artistes… et vous obtenez un spectacle total, prenant et très surprenant. Chaque annonce ou évènement est assorti de battements de tambour, les artistes et les joueurs extérieurs vont et viennent, écoutent le couplet explicatif puis le nom de la carte… Des contes sont déclamés, des chansons entamées, des poèmes sont recités, des blagues sont lancées… Une histoire ancienne avec ses multiples expassions se joue et se rejoue entre l’espace délimité par les huttes. Gagner ou perdre, peu importe, seul compte le plaisir partagé, le divertissement pris ensemble.
Même en ne comprenant pas les paroles, les visiteurs étrangers se piquent au jeu, grâce à une musique entrainante et gaie. Les anciens mots du Bai Choi ont été modernisés pour une meilleure compréhension, dans un souci de partager au plus grand nombre cette joie de jouer au Bai Choi.
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