Un décor tourmenté, déchiqueté de pics karstiques chahutant des forêts épaisses et mystérieuses accueille le visiteur aventureux venu se perdre dans les montagnes du Haut Tonkin. Il pourrait se croire sur une autre planète, ses points de repère noyés dans la brume alors que çà et là surgissent des pitons rocheux aux formes fantasmagoriques. Une région sauvage et comme perdue dans le temps, qui a été le témoin de scènes particulièrement sanglantes pendant les guerres d’Indochine. De par sa proximité avec la Chine, Cao Bang a longtemps été pomme de discorde et source de conflits, tout comme sa géologie chaotique en a fait un lieu de retraites, de caches et d’embuscades. Cao Bang est une destination à fortement conseiller pour votre circuit authentique et hors des sentiers battus au Vietnam.
Dans ces régions montagneuses difficiles d’accès, la densité de population est plutôt faible, les villages sont éloignés les uns des autres et de fait, les marchés locaux sont souvent le seul lien social entre Tày, Nùng An, H'mong, Dao, San chay, Lo Lo et quelques autres communautés. Ici, les « ethnies minoritaires » sont… majoritaires et n’ont reçu pratiquement aucune influence pouvant dénaturer leurs coutumes et traditions. Seuls les Tay, les plus nombreux dans cette Province, présentent des influences chinoises et kinh (viets) que ces derniers surnomment Thổ dân (Aborigènes). Entre eux, ils s’appellent par Cần Slửa Khao (les personnes qui portent le costume blanc) pour se différencier des Cần Slử Đăm – les personnes qui portent le costume noir – les Nung. Ces derniers, originaires de Chine, partagent leur histoire avec les Tay, mais ont leurs traditions propres ainsi qu’un savoir-faire artisanal réputé dans toute la région si ce n’est tout le Pays.
Pour venir jusque dans ces contrées reculées, le voyageur prendra la RC4 – la route coloniale 4 – tristement célèbre sous le nom de « Route sanglante ». Elle permettait le ravitaillement des places fortes de Lang Son, Na Cham, That Khe, Dong Khe et Cao Bang pendant la guerre d’Indochine, tout en assurant les liaisons avec Hanoi avec une connexion à la RC1 au niveau de Lang Son. Cet aspect hautement stratégique en a fait le témoin de nombreuses batailles. La dernière et la plus meurtrière fut celle de la cuvette de Coc Xa en 1950, une défaite française qui signera avant Dien Bien Phu, la fin de la colonisation.
Si l’histoire vous intéresse, une halte à Pac Bo (La bouche de la source, en langue tay) s’impose. Difficile d’imaginer la guerre dans un tel paysage idyllique ! Et pourtant, c’est ici, à 60 km de Cao Bang que le futur Président Ho Chi Minh a entamé son long combat pour l’indépendance du Vietnam. Tout a débuté ici, dès 1941, dans la grotte de Cốc Bó. La campagne alentours reflète d’ailleurs cette verve révolutionnaire, à commencer par la Montagne Cac Mac, en face de la grotte, dont le nom vient de Karl Marx prononcé à la vietnamienne (!), ou le ruisseau Le Nin (vous aurez reconnu Lénine) célèbre pour sa couleur turquoise. Faites un tour aussi à la cabane de Khuoi Nam où Ho Chi Minh a vécu pendant 4 ans ou passez par la maison de Ly Quoc Sung, qui a été son point de chute avant la grotte. En parlant de grotte, il en est une autre, réputée pour d’autres raisons :
Située dans le hameau de Gun, non loin des chutes de Ban Gioc, elle est ainsi appelée en langue tay à cause d’une légende qui dit que de nombreux tigres ont vécu dans cette caverne. Mais d’aucuns pensent que son nom vient des feulements qu’on peut y entendre – la grotte n’a-t-elle pas aussi le nom de « grotte du vent » ? Découverte par hasard en 1921 par des fonctionnaires français et vietnamiens visitant la chute de Ban Giôc, elle est n’ouverte au public que depuis 1996. Stalactites et stalagmites composent des sculptures fantasmagoriques aux noms évocateurs : l'arbre de corail, le bateau, la cascade d’or et d’argent, le trône au lotus renversé… Un régal pour les yeux comme seule la nature sait nous gratifier.
Les chutes de Ban Gioc,non loin du système sous-terrain sont l’attraction incontestable de la Province ! Le mur d’eau qui sépare le Vietnam de la Chine est d’une majesté époustouflante. Cette cascade de 30 mètres de haut est considérée comme la plus belle du Vietnam et a tout le moins, la plus grande. Les eaux turquoise s’étagent en de nombreuses marches calcaires, finissant leur chute dans une rivière large et plate, bordée de forêts.
Depuis les chutes, sur la route de retour vers Cao Bang (ou l’inverse), vous trouverez le village de Phuc Sen, d’ethnie Nung. Ceux-ci sont de remarquables forgerons et leurs couteaux ont acquis une très belle réputation. En fait, leur qualité dépend essentiellement de l’acier utilisé au départ. Vous serez étonné de savoir qu’il provient… de ressorts de suspension de voitures d’occasion ! L’autre facteur absolument primordial pour faire un bon couteau bien tranchant, c’est l’eau de trempage de l’acier. Ici, on a de l’eau de chaux à laquelle on rajoute de la cendre de bois de Lim, un arbre qu’on croirait… de fer, tellement il est solide. Vient ensuite le tour de main du forgeron Nung…
Les marchés sont des lieux et des moments magiques et exceptionnels pour qui veut rencontrer les communautés ethniques de la région et plonger dans l’effervescence des tractations, se poser et goûter aux spécialistes locale… Des émotions très fortes se dégagent à chaque fois ; notez pour votre prochain rendez-vous en terre inconnue que le marché de Bao Lac se tient tous les 5 jours du calendrier lunaire. Quant à Pac Mieu c’est l'un des plus fournis de Cao Bang (les 1er, 5ème, 10ème ou 15ème jour du mois lunaire).
Région exceptionnelle pour faire du trek au Vietnam, Cao Bang attire par ses paysage authentiques et sauvages adoucis du sourire des ethnies. Les pistes les plus populaires se trouvent à Quang Hoa et Ta Lung. Que Khe et Bao Lac sont tout aussi envisageables pour des treks de 4 à 7 jours. Attention, nous sommes ici en région frontalière avec la Chine : un permis est nécessaire ainsi qu’un accompagnement.
Terminons notre découverte de cette fabuleuse région en nous mettant à table ! Nous retrouvons une cuisine typique du nord avec quelques subtilités propres à Cao Bang. Ainsi le xôi trám Cao Bằng, qui revisite le riz gluant classique en y mélangeant les fruits noirs d’un arbre de la forêt, ce qui lui donne une étonnante couleur violette… Plus étonnant encore, le Peng Ray, un gâteau de riz gluant… aux œufs de fourmis, ou les larves d’abeilles frites aux pousses de bambou. Plus sage, le pho local, Pho chua Cao Bang, à base de nouilles, de morceaux de canard rôti, de tranches de bacon assaisonné d’arachides. Le canard est très apprécié dans cette région, rôti, mariné, frit sous forme de gâteau, on le mange à toutes les sauces.
Sauvage et attachante, rebelle et profondément ancrée dans ses traditions, la mystérieuse région de Cao Bang est une destination hors norme qui ne laisse aucun voyageur indiffèrent ! Encore un peu difficile d’accès, il est conseillé de passer par une agence de voyage spécialiste du Vietnam pour vous aider à tracer les contours de votre prochaine aventure de rêve.
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