L'offrande aux moines, rituel bouddhiste millénaire, se déroule tous les matins dans les rues de Luang Prabang. Devenue attraction touristique, cette cérémonie sacrée est menacée de folklorisation par un tourisme irresponsable. Quelle est cette tradition ? Quel comportement adopter en tant que voyageur ? Cet article fait le point sur le rituel de Tak Bat à Luang Prabang, pour que votre excursion au Laos soit tout simplement authentique.
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Présentation | Un rituel bouddhiste ancestral | Une attraction touristique | Ceci n'est pas un spectacle | Un avenir incertain | Les règles à suivre lors de Tak Bat
Un des préceptes du Bouddhisme est le détachement matériel. Ce dénuement favorise la reconnexion à soi et à la nature profonde du Monde, facilitant l'accès au Nirvana. Depuis plus de 2500 ans, les moines suivent cette règle : ils ne possèdent généralement que des habits, un rasoir, une aiguille et un grand bol que l’on appelle «patta». Ne possédante pas d'argent (et n'ayant pas le droit d'en gagner), l'aumône leur est alors nécessaire et participe à leur démarche spirituelle.
C'est essentiellement dans les pays pratiquant le bouddhisme Theravada (Comme le Laos et la Thaïlande), que se pratique le rituel de Tak Bak. Par cette cérémonie qui remonte au 14ème et qu'on appelle aussi Sai Bat, les moines réaffirment chaque matin leurs vœux de pauvreté et d’humilité, tandis que les bouddhistes (pratiquants ou laïcs) augmentent leur mérite spirituel par ce don, en vue d'un bon karma.
Le repas offert par la population sera leur seule collation de la journée, le reste du temps étant réservé à la méditation, les bénédictions, les prières… Le quotidien d'une vie tournée vers la spiritualité. Le rituel a lieu tous les matins, sauf le premier jour de chaque mois, pendant lequel les offrandes sont faites dans les temples.
On n'appelle pas Luang Prabang la "cité de l’aube" par hasard : une lumière particulière, une ambiance de ferveur se mêlant à la décontraction habituelle de la cité, la présence palpable de la multitude de wat disséminés dans la ville… Tout concorde à faire de Tak Bat un rendez-vous mystique et mystérieux. Le soleil n'est pas encore levé que les premiers dévots sortent de chez eux, pieds nus, silencieux. Ils s'agenouillent sur un tapis, de façon à ne pas montrer leurs pieds et préparent leurs offrandes dans un panier tressé : essentiellement du riz gluant préparé la veille pour le rendre pur et rincé plusieurs fois, il est cuit à la vapeur le matin. S'y ajoutent des fruits, des gâteaux, quelques friandises. Parfois des fleurs, de l'encens ou même des billets de banque. Le son des gongs qui s'envole dans l'air frais du petit matin donne le signal du début de la procession. Les moines, drapés de leurs robes safran, pieds nus et crane rasé, leur bol d’aumône traditionnel (Baat) accroché en bandoulière, sortent à la queue leu leu des monastères en groupes de 10 à 20, du plus âgé au plus novice (parfois très jeune). Ils défilent au son des clochettes dans un silence religieux. Tout le monde retient son souffle. Accroupis sur les trottoirs, les donateurs attendent patiemment que les bonzes, un à un, tendent leur Baat pour y déposer furtivement leur offrande. Ils méditent alors sur la générosité, et les bonzes sur la pauvreté. Le partage est de rigueur : les moines donnent à leur tour une partie de leur offrande aux enfants les plus démunis qui se joignent à la parade, le tout dans le silence absolu. Le Tak Bat à Luang Prabang est un rituel spirituel qui impressionne et invite au recueillement.
La montée du tourisme, les brochures marketing si photogéniques avec leurs colonnes de moines en safran dans les rues de Luang Prabang, contribuent à dénaturer ce qui d'abord et avant tout est un rituel sacré et religieux. Nombreux sont les touristes irrévérencieux qui méprisent les règles à respecter pour se faire un selfie arrogant, nombreuses sont les agences de tourisme qui participent plus ou moins volontairement à cette intrusion du médiocre dans ce qui est pureté de la méditation. Le risque de disneylandisation – malheureusement propre au tourisme de masse et à la bêtise humaine – a poussé les autorités à placarder partout dans les temples et les lieux de passage des touristes, les conduites à tenir et les attitudes à avoir (En particulier que les non bouddhistes n'ont pas le droit de participer aux offrandes). Beaucoup demandent l'arrêt de Tak Bat, tant l'intrusion des touristes perturbe la sérénité du rituel et dégradent son sens profond. Ajoutons la cupidité de certains locaux qui ont saisi l'occasion de vendre des offrandes aux faux bouddhistes-vrais touristes qui s'empresseront de les donner aux moines comme on jette des cacahuètes aux singes dans les zoos… Il n'est pas rare que ces offrandes toutes prêtes ne soient que les restes d'un repas de famille…
Il faut savoir que la plupart des hommes du Laos passent une partie de leur jeunesse dans les temples. Tous, concierge, serveur, guide touristique, ont participé à Tak Bat. Ce rituel a des répercutions très profondes dans la vie de tout laotien. Et sa perturbation provoque un stress immense aussi bien chez les moines que chez les laïques.
Le manque de connaissances et l'anonymat d'être dans une foule d'étrangers ne joue pas en la faveur d'un retour à la sérénité du rituel. Et peut-être aussi la culture lao en elle-même, extrêmement polie et modeste est-elle également en jeu, elle qui considère qu'il est inacceptable de demander directement à quelqu'un de changer de comportement. Sans oublier les intérêts financiers du tourisme qui pèsent lourds dans la balance... Tous ces nuages assombrissent l'avenir de cette tradition fondamentale.
Alors, avant qu'il ne soit vraiment trop tard, nous nous permettons de rappeler ici les règles essentielles de bonne conduite à suivre lors de la cérémonie de Tak Bat à Luang Prabang
La première des règles est de vous poser la question du pourquoi vous désirez assister à cette cérémonie ? Peut-être êtes-vous bouddhiste ? Proche de cette philosophie ? Ou un touriste voyeur potentiellement perturbateur ?
Répétons-le, Tak Bat est un rituel religieux, pas un spectacle culturel folklorique. Il est donc impératif de :
* Ne pas faire d’offrande si vous n’êtes pas bouddhiste. Ne faire d'offrande que si elle correspond pour vous à une démarche spirituelle personnelle que vous êtes capable de pratiquer dans la dignité.
* Tak Bat n'est pas un shooting photo : soyez là honnêtement et humblement. Sinon, restez à distance respectueuse voire même ne participez pas à cette cérémonie (qui par ailleurs, contrairement à ce qui disent les rabatteurs de touristes, n'est pas un incontournable d'une visite à Luang Prabang).
* Être vêtu convenablement, épaules, torse et jambes largement couverts, surtout si vous pratiquez les offrandes (dans ce cas, retirez vos chaussures).
* Ne pas regarder les moines dans les yeux, ni soutenir leur regard.
* Evitez tout contact physique avec les bonzes, surtout pour les femmes qui ont une stricte interdiction de toucher les moines.
* Pour prendre des photos, n’utilisez pas de flash et restez à une distance respectable (5 m).
* Ne pas gêner le passage des moines, rester à sa place.
* Ne pas se positionner au-dessus des bonzes (sur un muret ou des marches d’escalier), c’est très irrespectueux car les bonzes doivent toujours se situer en hauteur. Gardez tête baissée.
* Garder le silence, se faire très discret.
* si vous participez aux offrandes, n’achetez pas de nourriture apures des vendeurs de rue ; préparez vous-même du riz (ou demandez à votre hôtel ou votre guide).
Respecter ces règles permet de sauvegarder cette cérémonie bouddhiste sacrée.
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