Le Cambodge, terre de spiritualité et d’eaux vivantes, célèbre chaque année un phénomène naturel absolument unique au monde: l’inversion du courant du Tonlé Sap. C’est à cette occasion qu’éclate Bon Om Touk, le festival de l’eau et de la lune, l’un des plus anciens et des plus vibrants de toute l’Asie du Sud-Est. Un événement sacré, festif, populaire, qui conjugue ferveur religieuse, mémoire royale, et joie collective. Voici une exploration approfondie de ce moment hors du temps.
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Imaginez un fleuve qui, deux fois par an, inverse son sens. C’est ce qui se produit au Cambodge avec la rivière Tonlé Sap, en lien direct avec les pulsations du Mékong.
Entre mai et octobre, les pluies de mousson gonflent le Mékong, qui refoule l’eau vers la rivière Tonlé Sap. Résultat: celle-ci coule alors à contre-sens, vers le lac du même nom, le plus vaste d’Asie du Sud-Est. À la fin de la mousson, vers novembre, les eaux reprennent leur cours initial, drainant les ressources vers le Mékong.
Ce ballet liquide fertilise les terres, piège poissons et crevettes dans les sédiments et régule la vie agricole et spirituelle du Cambodge. C’est cette transition miraculeuse que célèbre Bon Om Touk.
Le festival trouve ses racines à l’époque angkorienne. Les rois khmers organisaient déjà des courses de bateaux pour évaluer la force et la discipline de leurs guerriers. Des bas-reliefs sur les temples de Bayon ou Banteay Chhmar illustrent ces joutes fluviales ancestrales.
Mais Bon Om Touk va plus loin qu’une simple célébration militaire. Il est aussi un hommage aux génies des eaux, sans lesquels l’agriculture serait impossible. Une légende attribue même la fête à la victoire de Jayavarman VII contre les envahisseurs chams.
Chaque année, à la pleine lune du mois khmer Kadeuk (fin octobre – mi-novembre), le peuple cambodgien remercie les divinités du Mékong et du Tonlé Sap pour leur générosité.
À Phnom Penh, mais aussi à Siem Reap ou Kompong Chhnang, le festival bat son plein durant trois jours de célébrations intenses, rassemblant des centaines de milliers de personnes.
C’est le coup d’envoi des festivités. Les premières courses de pirogues ont lieu sur la rivière Tonlé Sap, au pied du Palais Royal. L’atmosphère est électrique, les spectateurs se massent sur les quais, les familles se rassemblent, les stands de street food s’ouvrent…
Le cœur de l’événement. Des centaines de pirogues venues de toutes les provinces rivalisent de puissance, avec jusqu’à 80 rameurs par embarcation. Le soir, la parade Loy Pratip illumine les eaux de barges décorées représentant les institutions du pays.
Le grand final mêle spectacles de danse traditionnelle, chants dévotionnels, processions florales et le moment sacré de "Sampeas Preah Khe" – la salutation à la lune. La nuit se prolonge en musiques, rires et lumière.
Près de 400 pirogues, appelées long boats ou naga boats, participent aux régates. Colorées, finement sculptées, elles incarnent la fierté de chaque village. Chaque rameur devient le héros de sa communauté.
La compétition est rude, mais l’esprit est celui de la fête. Les rames frappent l’eau en cadence, portées par les chants et les tambours. Au moment où les bateaux longent le Palais Royal, sous une pleine lune éclatante, le spectacle devient légendaire.
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La nuit tombée, une procession de bateaux décorés descend la rivière. Chaque barge, portant l’emblème d’un ministère, scintille de mille feux. C’est un hommage aux divinités et à la lune, protectrice des récoltes.
La pleine lune de Kadeuk est un présage de fertilité. Les familles déposent des offrandes, brûlent de l’encens, prient dans les pagodes ou au bord de l’eau. Un moment de communion collective entre ciel, eau et espoir.
Au cœur de la nuit, le plat traditionnel Ambok est partagé: riz gluant pilé, frit, servi avec banane et noix de coco. Ce repas humble et sacré renforce les liens familiaux et scelle la gratitude envers les dieux.
Autour du Palais Royal, Phnom Penh devient piétonne. Stands de nourriture, foires, jeux, spectacles de rue, tout concourt à une ambiance de kermesse orientale.
Le Palais s’illumine, les bannières flottent, des compositions florales en forme de bateaux glissent sur l’eau. C’est un Cambodge joyeux, rassembleur, dans son plus bel habit de fête.
Participer au festival, c’est comprendre la force du lien entre nature et spiritualité. C’est vivre une émotion collective, sentir le rythme du pays battre au fil de l’eau et des tambours.
Pour le voyageur curieux, c’est une occasion précieuse de s’intégrer aux coutumes locales, d’assister à un spectacle vivant, et de ressentir l’unité d’un peuple autour de ses racines.
Quand ? Fin octobre à mi-novembre (selon le calendrier lunaire)
Où ? Phnom Penh principalement, mais aussi Siem Reap, Kompong Chhnang, Kratie…
Combien de temps ? 3 jours, mais prévoir au moins 5 jours sur place avec l’affluence
À prévoir: Réserver à l’avance hôtels et transports. Venir tôt sur les quais pour avoir une bonne vue. Prévoir des vêtements légers, mais aussi respectueux pour les cérémonies.
Plus qu’un simple festival, Bon Om Touk est une symphonie aquatique et spirituelle. C’est l’expression d’un peuple qui, depuis des siècles, vibre au rythme de ses eaux, de ses légendes et de sa pleine lune. Un rendez-vous annuel qui bouleverse, émerveille, et laisse une empreinte profonde.
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